mercredi 4 avril 2007

« Le Sabre et la Virgule »


Dans son livre ainsi intitulé, Chérif Choubachy propose une simplification de la langue arabe, afin de l’ « adapter au monde moderne ».
Loin d’être le premier à se diriger dans cette voie, cette thèse réformiste avait été soulevée aux lendemains de la Seconde Guerre Mondiale, par une commission présidée par le grand écrivain Taha Hussein. S’étant heurtée à de vives oppositions, elle ne pu jamais être mise en œuvre.
Mais qu’en est-il de nos jours ? Les mœurs ont –elles évoluées au point de permettre une réformation de la langue du Coran ?


1/ La thèse réformiste
- Une langue compliquée
Cet argument, souvent invoqué par les étrangers en apprentissage, se retrouve jusqu’ « aux plus grands intellectuels qui se surprennent à commettre des fautes » (Robert Solé).
Les structures morphologiques, grammaticales et syntaxiques sont en effet complexes, mais n’est-ce pas ce qui en fait la beauté la langue ?
Est-ce une raison suffisante pour chambouler la langue ?

En rapprochant le cas à la langue française : aussi compliquée soit-elle, qui n’a jamais osé en proposer une réforme ? Pourtant, les faits sont là, elle n’en demeure pas moins une des plus redoutées par les étrangers et rien n’est mis en œuvre pour la simplifier.
Ainsi, comment serait-il possible de toucher à une langue aussi sacrée que la langue arabe, alors que la seule langue française ne subit que de très maigres changements ?

- Disparition au profit des dialectes
Ce second argument, soutenu par Chérif Choubachy, semble moins pertinent de nos jours.
En effet, l’arabe littéral est utilisé comme langue commune dans la presse, à la radio et à la télévision. Les dialectes sont utilisés dans la vie de tous les jours.
Mais nous sommes loin de l’époque où seule une infime partie de privilégiés pouvaient accéder à l’arabe littéral. Outre quelques régions reculées, l’arabe littéral est connu de tous.
Par ailleurs, il demeure un instrument essentiel de compréhension au sein du monde arabe.


2/ L’impossible réforme
Pour s’être ainsi exprimé, Chérif Choubachy a dû quitter ses fonctions de vice-ministre égyptien de la culture.
En effet, même si la langue arabe est apparue plusieurs siècles avant l’Islam, elle n’en demeure pas moins sanctifiée de facto, par sa présence dans le Coran. Depuis de nombreuses années, les intellectuels se battent pour trouver une explication à la grammaire, la morphologie ou la syntaxe de la langue, en évitant soigneusement de critiquer le sacré. Une explication rationnelle est toujours trouvée, sans froisser le pouvoir religieux.
Mais aller jusqu’à changer la langue semble être un sacrilège.

Cette vive opposition à une quelconque réforme linguistique rappelle dans une certaine mesure, le scandale suscité par les caricatures du Prophète Mohammed (Mahomet).

Ces deux évènements montrent réellement l’impact du religieux dans le monde arabe.

A quand des manifestations en France contre le langage texto ?!

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